Marxisme culturel — histoire d’une notion Cette expression connaît aussi un usage savant, surtout aux Etats-Unis. Dans ce cadre, il désigne un courant de pensée inspirée par l’œuvre de Karl Marx, qui fonde sa critique de la société non pas seulement sur une analyse des inégalités générées par le système de production économique, mais aussi sur l’aliénation qu’il engendre à travers la culture entendue au sens large – les arts, la publicité, la vie politique, les institutions, etc. La formule exacte de « marxisme culturel » serait née dans les années 1970, au sein de la gauche américaine, comme l’a montré le philosophe australien Russell Blackford … Il analyse la crise de la société américaine en s’appuyant sur les outils conceptuels développés par l’école
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Lars Pålsson Syll considers the following as important: Politics & Society
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Marxisme culturel — histoire d’une notion
Cette expression connaît aussi un usage savant, surtout aux Etats-Unis. Dans ce cadre, il désigne un courant de pensée inspirée par l’œuvre de Karl Marx, qui fonde sa critique de la société non pas seulement sur une analyse des inégalités générées par le système de production économique, mais aussi sur l’aliénation qu’il engendre à travers la culture entendue au sens large – les arts, la publicité, la vie politique, les institutions, etc.
La formule exacte de « marxisme culturel » serait née dans les années 1970, au sein de la gauche américaine, comme l’a montré le philosophe australien Russell Blackford … Il analyse la crise de la société américaine en s’appuyant sur les outils conceptuels développés par l’école de Francfort. Né en Allemagne dans les années 1920, ce courant de pensée a profondément renouvelé le marxisme en menant une critique radicale de la société bourgeoise et de ses manifestations sociales, culturelles et politiques. Trent Shroyer, qui est l’un de leurs disciples, se félicite de l’essor des mouvements de libération des Noirs et des femmes.
C’est là le lien avec ce que la droite radicale entendra bientôt par « marxisme culturel ». Le terme prend alors une valeur péjorative : il désigne la prétendue volonté des disciples de l’école de Francfort de nuire à la culture occidentale et de s’attaquer à la société traditionnelle en se servant du féminisme, de l’homosexualité et du multiculturalisme. « Au tournant des années 1990, alors que le communisme vient de s’effondrer, les milieux ultra-conservateurs américains voient dans la mondialisation une menace pour l’Occident chrétien, remarque Jérôme Jamin, politiste et philosophe belge, spécialiste des populismes. Ils s’inquiètent aussi de la montée, sur les campus universitaires, du “politiquement correct” qu’ils assimilent à une attaque contre la liberté d’expression ayant pour but d’empêcher les discours ne reconnaissant pas la pleine égalité entre les hommes et les femmes, les Noirs et les Blancs, les hétérosexuels et les homosexuels, etc. » Le terme se diffuse au sein des milieux extrémistes de droite.