Comment les discriminations minent la cohésion sociale Vous (l’économiste Stéphane Carcillo) avez publié, avec l’économiste Marie-Anne Valfort, un ouvrage sur les discriminations dans le monde du travail qui montre qu’il y a une corrélation entre les discriminations et la confiance dans les relations sociales. Comment fonctionne ce lien ? Le politiste américain Robert Putnam est le premier à avoir identifié, au début des années 2000, un lien entre la pratique des discriminations et l’émergence de la défiance. Parce que les ruptures d’égalité sont perçues comme des mécaniques profondément injustes, elles minent la cohésion sociale – et ce à grande échelle. Les discriminations n’ont rien de marginal : les homosexuels représentent 5 % à 10 % de la
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Lars Pålsson Syll considers the following as important: Politics & Society
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Comment les discriminations minent la cohésion sociale
Vous (l’économiste Stéphane Carcillo) avez publié, avec l’économiste Marie-Anne Valfort, un ouvrage sur les discriminations dans le monde du travail qui montre qu’il y a une corrélation entre les discriminations et la confiance dans les relations sociales. Comment fonctionne ce lien ?
Le politiste américain Robert Putnam est le premier à avoir identifié, au début des années 2000, un lien entre la pratique des discriminations et l’émergence de la défiance. Parce que les ruptures d’égalité sont perçues comme des mécaniques profondément injustes, elles minent la cohésion sociale – et ce à grande échelle. Les discriminations n’ont rien de marginal : les homosexuels représentent 5 % à 10 % de la population, les minorités ethniques près de 10 %, et les femmes constituent une « minorité majoritaire ». Une part très importante de la population voit donc sa carrière et ses salaires stagner en raison de préjugés absurdes et de stéréotypes irrationnels.
Ces discriminations donnent naissance à de véritables cercles vicieux : au lieu de favoriser l’intégration des minorités, elles les encouragent à se replier vers leur communauté d’origine. Face à ces mécanismes d’exclusion, les minorités ont en effet tendance à rejeter les valeurs de la société d’accueil. Après les attentats du 11 septembre 2001, les musulmans qui vivaient dans les Etats américains où les actes islamophobes ont le plus augmenté affichaient ainsi, dix ans plus tard, des normes sociales plus rigoristes, des taux de mariages intracommunautaires plus élevés et des pratiques religieuses plus intransigeantes.