Un livre publié en 2010 par Naomi Oreskes et Erik M. Conway, traduit en 2012 sous le titre Les Marchands de doute (éditions Le Pommier), a magistralement démontré, au terme de plusieurs années d’enquête, comment de grandes entreprises, souvent soutenues par des groupes d’intérêt et des organisations farouchement hostiles à l’idée même de régulation, étaient parvenues à mettre massivement en doute les résultats scientifiques les mieux établis … Dans tous les cas, les méthodes des semeurs de doute sont les mêmes : profiter du fait qu’il n’est scientifiquement pas toujours possible d’affirmer qu’un fait A est de manière absolument certaine, exclusivement et à 100 %, la cause d’un fait B … c’est-à-dire profiter de ce qui caractérise précisément l’éthique scientifique pour
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Lars Pålsson Syll considers the following as important: Economics
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Un livre publié en 2010 par Naomi Oreskes et Erik M. Conway, traduit en 2012 sous le titre Les Marchands de doute (éditions Le Pommier), a magistralement démontré, au terme de plusieurs années d’enquête, comment de grandes entreprises, souvent soutenues par des groupes d’intérêt et des organisations farouchement hostiles à l’idée même de régulation, étaient parvenues à mettre massivement en doute les résultats scientifiques les mieux établis …
Dans tous les cas, les méthodes des semeurs de doute sont les mêmes : profiter du fait qu’il n’est scientifiquement pas toujours possible d’affirmer qu’un fait A est de manière absolument certaine, exclusivement et à 100 %, la cause d’un fait B … c’est-à-dire profiter de ce qui caractérise précisément l’éthique scientifique pour remettre massivement en cause les résultats de la science. Il suffit alors de disposer des voix de quelques scientifiques égarés, non spécialistes de la discipline, aveuglés par une idéologie ou plus rarement corrompus, qui soutiendront des positions contraires immédiatement surmédiatisées, de requalifier l’ensemble en « controverse » au sein de laquelle les différentes positions apparaîtront pourvues de la même légitimité, puis de focaliser l’attention, grâce au financement de chercheurs embarqués dans ces croisades, sur d’autres causes probables des problèmes …
Le chapitre VI des Marchands de doute, intitulé « Le déni du changement climatique », devrait devenir une lecture obligée pour tous les étudiants : il explique de façon extrêmement précise comment le rapport publié en 1983 par un comité constitué (habilement) au sein de l’Académie nationale des sciences américaine, dénommé Changement climatique : rapport du comité d’évaluation sur le dioxyde de carbone, a vu les conclusions des spécialistes du climat considérablement amoindries par deux parties rédigées par des économistes, dont le futur « prix Nobel » d’économie William Nordhaus. L’usage du raisonnement probabiliste permettait, en effet, à ces derniers d’affirmer que les changements majeurs se produiraient sans doute dans très longtemps, et qu’il était donc urgent, sinon de ne rien faire, au mieux de s’adapter, lorsque le temps serait venu, à un monde à haute température.