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Est-il possible de concilier liberté individuelle et justice sociale?

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Est-il possible de concilier liberté individuelle et justice sociale? Le capitalisme contemporain est aujourd’hui sous le feu de la critique, comme facteur d’accroissement des inégalités et de destruction des « biens communs ». Comme au début du XIXe siècle, la question de la « justice sociale » est au cœur des débats. Jean-Fabien Spitz, professeur émérite de philosophie politique à l’université Paris-I, auteur d’Abolir le hasard? Responsabilité individuelle et justice sociale (Vrin, 2008), analyse l’apparente contradiction entre l’exigence de liberté individuelle et l’aspiration à l’égalité qui traverse les sociétés occidentales … Antoine Reverchon: Comment la théorie économique, en particulier avec l’économiste autrichien Friedrich Hayek (1899-1992),

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Est-il possible de concilier liberté individuelle et justice sociale?

Est-il possible de concilier liberté individuelle et justice sociale?Le capitalisme contemporain est aujourd’hui sous le feu de la critique, comme facteur d’accroissement des inégalités et de destruction des « biens communs ». Comme au début du XIXe siècle, la question de la « justice sociale » est au cœur des débats. Jean-Fabien Spitz, professeur émérite de philosophie politique à l’université Paris-I, auteur d’Abolir le hasard? Responsabilité individuelle et justice sociale (Vrin, 2008), analyse l’apparente contradiction entre l’exigence de liberté individuelle et l’aspiration à l’égalité qui traverse les sociétés occidentales …

Antoine Reverchon: Comment la théorie économique, en particulier avec l’économiste autrichien Friedrich Hayek (1899-1992), a-t-elle, en soulignant la contradiction entre justices distributive et commutative, ouvert la voie aux réformes néolibérales de dérégulation?

Jean-Fabien Spitz: La pensée de Friedrich Hayek, heureusement, n’est pas la totalité de la théorie économique, mais le défi qu’il a lancé à la possibilité même de la justice distributive doit être pris avec le plus grand sérieux, contrairement à l’attitude trop répandue dans l’antilibéralisme contemporain. L’« idée-force » de Friedrich Hayek est qu’il est impossible de construire une structure sociale distributive – égalitaire ou non – sans une interférence constante dans les plans et les actions des individus, et qu’un tel projet les transforme inévitablement en agents d’une organisation dont ils ne partagent pas nécessairement les buts. La conséquence est que, pour lui, les valeurs bilatérales de la justice commutative sont les seules dont nous puissions admettre la validité. Mais Hayek commet ici une erreur logique évidente. Lorsqu’il affirme qu’interférer dans les plans et les actions des individus contredit leur liberté, ce n’est vrai que si ces plans et ces actions se déploient dans un contexte distributivement juste. Mais ce n’est pas le cas s’ils se déploient dans un contexte injuste qui leur permet de porter atteinte au droit égal des tiers de développer leurs propres plans et leurs propres actions dans des conditions conformes au principe de l’égalité de valeur de l’ensemble des individus. Dans un contexte injuste, une telle interférence – par exemple, le salaire minimum ou le droit du travail – accroît au contraire la liberté de ceux qu’elle met à l’abri de contraintes excessives sans détruire aucune liberté douée de valeur puisque, précisément, le fait d’exercer des contraintes excessives sur autrui n’a pas cette qualité.

Le Monde

Lars Pålsson Syll
Professor at Malmö University. Primary research interest - the philosophy, history and methodology of economics.

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