L’annonce d’un plan de soutien à l’économie américaine de 1900 milliards de dollars US (soit environ 9% du PIB, après 4% décidés en décembre) a soulevé une controverse sur le bon calibrage des plans d’urgence et de relance. Pour Larry Summers et Olivier Blanchard, pourtant fervents partisans des politiques budgétaires expansionnistes, ce programme est excessif car il représente entre 2 et 4 fois l’écart de production attendu pour 2021 : avec un multiplicateur unitaire, sa mise en œuvre ferait bondir la demande bien-au-dessus des capacités de production du pays. L’inflation repartirait à la hausse, ce qui conduirait la Réserve Fédérale à remonter ses taux, amenuisant l’impact du plan de relance, conformément au bon vieux modèle IS-LM, ou bien, pire, déclenchant une crise
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L’annonce d’un plan de soutien à l’économie américaine de 1900 milliards de dollars US (soit environ 9% du PIB, après 4% décidés en décembre) a soulevé une controverse sur le bon calibrage des plans d’urgence et de relance. Pour Larry Summers et Olivier Blanchard, pourtant fervents partisans des politiques budgétaires expansionnistes, ce programme est excessif car il représente entre 2 et 4 fois l’écart de production attendu pour 2021 : avec un multiplicateur unitaire, sa mise en œuvre ferait bondir la demande bien-au-dessus des capacités de production du pays. L’inflation repartirait à la hausse, ce qui conduirait la Réserve Fédérale à remonter ses taux, amenuisant l’impact du plan de relance, conformément au bon vieux modèle IS-LM, ou bien, pire, déclenchant une crise financière. Le risque inflationniste serait d’autant plus grand que l’épargne accumulée par les ménages américains depuis le début de la crise représente environ le double du plan de relance envisagé par l’administration Biden : si la moitié de cette épargne était consommée, cela doublerait le stimulus apporté par ce nouveau plan de relance.
Ce point de vue est vigoureusement contesté par plusieurs économistes dont Gauti Eggertsson et Paul Krugman. Pour eux, l’objectif n’est pas d’amener le PIB au plus près de son niveau potentiel, mais plutôt d’accélérer la vaccination, de rouvrir les écoles, d’apporter un soutien au ménages fragilisés par la crise ainsi qu’aux Etats et aux municipalités pour les dissuader de licencier leur personnel et de fermer des services publics. Tout l’argent ne sera pas nécessairement dépensé (cela dépendra de l’évolution du chômage) et même si c’était le cas, il n’est pas du tout évident que cela déclenche de l’inflation tant sont incertaines les estimations de l’écart de production et de son lien avec l’inflation. Et puis finalement, ne serait-ce pas une bonne nouvelle si l’inflation repartait à la hausse ?
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