by La Chine — un défi adressé aux théories économiques Avec l’effondrement de l’Union Soviétique, nombre d’intellectuels avaient anticipé une fin de l’histoire : marché et démocratie allaient remplacer le Gosplan et la domination du Parti Communiste. Depuis 1989, les régimes démocratiques se sont diffusés sur la plupart des continents et la logique du marché semble dominer les choix politiques que, dans le passé, mettaient en œuvre les gouvernements. Les années 2010 marquent cependant un infléchissement car se multiplient les régimes autoritaires qui n’ont plus que de lointaines similitudes avec l’idéal de la démocratie. Simultanément, dans l’ordre économique, un nombre croissant de gouvernements revendiquent une reprise de contrôle du processus
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La Chine — un défi adressé aux théories économiques
Avec l’effondrement de l’Union Soviétique, nombre d’intellectuels avaient anticipé une fin de l’histoire : marché et démocratie allaient remplacer le Gosplan et la domination du Parti Communiste. Depuis 1989, les régimes démocratiques se sont diffusés sur la plupart des continents et la logique du marché semble dominer les choix politiques que, dans le passé, mettaient en œuvre les gouvernements. Les années 2010 marquent cependant un infléchissement car se multiplient les régimes autoritaires qui n’ont plus que de lointaines similitudes avec l’idéal de la démocratie. Simultanément, dans l’ordre économique, un nombre croissant de gouvernements revendiquent une reprise de contrôle du processus d’internationalisation.
La trajectoire russe témoigne de l’échec du processus de démocratisation comme préliminaire à la modernisation économique et la trajectoire chinoise invalide le pronostic qui ferait de la démocratie le régime politique nécessaire à la performance économique. On trouve, même en Chine, une justification d’un pouvoir centralisé : les défis seraient si nombreux et l’urgence telle que les délibérations propres à la démocratie ne permettraient pas d’y répondre. La multiplicité des investissements chinois à l’étranger actualise la possibilité d’une alternative au Consensus de Washington. Il est donc devenu essentiel de cerner les ressorts mais aussi les faiblesses qui sous- tendent le dynamisme de la Chine …
Les Etats-Unis ne sont plus la référence incontestée dans l’organisation des sociétés contemporaines. Après l’effondrement de l’Union Soviétique, vint le temps du Japon et aujourd’hui la Chine est perçue comme représentant une alternative, au point de susciter l’idée d’un consensus de Pékin. Développement accéléré et succès économique, doutes sur les vertus de la démocratie, montée en régime d’une puissance scientifique sont autant d’atouts aux yeux de divers gouvernements tentés par la verticalité du pouvoir politique. En fait, ce « modèle » repose sur la puissance d’une économie continentale, le rôle d’un parti-Etat et l’inscription dans une longue tradition d’exercice du pouvoir, autant de caractéristiques qui hypothèquent sa diffusion. La faiblesse des autres nations nourrit son expansion internationale mais aussi les sources de dépendance, peu favorable au développement. Enfin nombre de tensions et déséquilibres traversent la société chinoise au point de susciter la recherche d’un autre régime socio-économique. Dès lors la leçon chinoise est sans doute que chaque société doit inscrire sa stratégie dans l’histoire longue et que tout modèle finit par rencontrer ses limites.